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Birdland

Birdland est une composition instrumentale de Joe Zawinul, claviériste de Weather Report, qui a été jouée pour la première fois sur l'album Heavy Weather en 1977.

C'est un morceau de jazz fusion, qui a rencontré un succès commercial inhabituel et est devenu un standard de jazz, en entrant dans le répertoire de beaucoup de groupes, notamment Buddy Rich, le grand orchestre de Maynard Ferguson et The Manhattan Transfer, qui a enregistré une version vocale sur des paroles de Jon Hendricks. Cette version connut un tel succès qu'elle est devenue « l'indicatif musical » du groupe The Manhattan Transfer. En 1989 Quincy Jones a également réuni une pléiade de musiciens jazz dont Ella Fitzgerald, Miles Davis, George Benson... sur son album Back on the block afin d’interpréter une reprise.

La version originale est facile à reconnaître, grâce à son introduction en harmoniques artificielles jouée par le bassiste Jaco Pastorius.

Le nom du morceau vient de celui du club de jazz de New York Birdland, dans la 52e Rue ; qui vient lui-même du surnom Bird (l'oiseau) qui avait été donné au saxophoniste de jazz Charlie Parker. Ce morceau est un hommage à Charlie Parker et aussi au club que Joe Zawinul a beaucoup fréquenté alors qu'il était un jeune musicien (et où il a rencontré sa future femme).

Nous allons nous intéresser à 4 versions de Birdland :

1. In album Heavy weather - Weather Report (1977)

2. In album Extensions - The Manhattan Transfer (1979)

3. In album Back on the Block - Quincy Jones (1989)

4. In album Minimal Movie - Ensemble Hyperion (2000)

I) Le club

 

Le Birdland est un club de jazz qui voit le jour à New York en 1949. Le Birdland originel était au numéro 1678 de Broadway Avenue, tout près de la 52e rue dans Manhattan. Il ferme en 1965 à cause d'un loyer trop cher, et rouvre pour une nuit en 1979. Sa renaissance commence en 1986.

Image: Chet Baker and friends in the front of Birdland the New York Jazz club in 1960 (Flickr Creative Commons)

Le premier Birdland (1949-1965)

Le Birdland des débuts est nommé ainsi par ses propriétaires Morris Levy et Irving Levy en l'honneur de Charlie Parker surnommé Bird, qui est la vedette du club. C'est souvent à lui que le club est associé, mais la salle, d'une capacité de 400 places, attire bien d'autres musiciens de jazz, qui y font parfois des enregistrements. On peut ainsi citer le Live at Birdland de John Coltrane, Live At Birdland (Toshiko - Mariano Quartet), et la chanson à succès de George Shearing, "Lullaby of Birdland", ainsi que Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Miles Davis, Bud Powell, Stan Getz et Lester Young entre autres. À l'origine, la mascotte des concerts était Pee Wee Marquette, personnage pittoresque et minuscule dont l'imprésario Symphony Sid prenait parfois la relève1.

À son heure de gloire, le Birdland est à la mode chez les célébrités. Gary Cooper, Marilyn Monroe ou encore Joe Louis en sont des habitués. Sammy Davis Jr. y joue également. Malgré son passé illustre, le club perd de la vitesse dans les années 1960 et finit par fermer en 1965.

Renaissance

La version actuelle du Birdland ouvre dans Manhattan Uptown, au 2745 Broadway (au niveau de la 106e rue)1, mais s'établit finalement dans la 44e rue, à l'ouest de la 8e avenue dans Manhattan Midtown. De grands musiciens y jouent actuellement comme Pat Metheny, Lee Konitz, Diana Krall, Dave Holland, Regina Carter, et Tito Puente. il est aussi remarquable que Toshiko Akiyoshi y donne son dernier concert le 29 décembre 2003 (comme mentionné plus haut elle avait joué dans la version originelle du club).

II) Charlie Parker - The Bird

Charlie Parker naît, Noir et Américain, le 29 août 1920 à Kansas City. Son jeu aérien lui vaut très vite le surnom de « Bird » (l'oiseau) et son allure gauche et embarrassée celui de « Yardbird » (soldat chargé des corvées en argot militaire américain). Voici un extrait d'un morceau mythique de Charlie Parker : Bluebird (1947) avec Miles Davis(trumpet), Charlie Parker(alto sax), Duke Jordan(piano), Tommy Potter(bass), Max Roach(drums).

III) 60' - 70' : DU FREE-JAZZ AU JAZZ-ROCK
Au cours des années 60, le jazz vit une remise en cause complète de ses bases. Le free-jazz constitue le courant essentiel de cette décennie et se refuse à tout compromis musical (le jazz se libère de toutes les conventions écrites par ses pairs, l'improvisation est « libre ») et associe cette posture au mouvement politique radical issu des Black-Panthers. Le trompettiste Ornette Coleman (1930-2015) est l'un des chefs de file de ce courant. Musicalement le free-jazz est une impasse, esthétiquement il aura une grande influence, y-compris en Europe où de nombreuses formations s'en inspireront. Il demeure par ailleurs une forme d'expression qui subsiste encore aujourd'hui en s'insérant dans les solos de nombreux instrumentistes.


Les années 60-70 voient parallèlement l'émergence de la pop sous toutes ses formes avec notamment le rock progressif et la musique psychédélique qui provoquent des rapprochements avec des musiciens issus du jazz. Les genres se rencontrent, les expériences se multiplient avec notamment des novateurs tels que Frank Zappa (1940-1993).


Mais l'une des grandes figures de ces années reste le jazzman Miles Davis (1926-1991), qui durant cette décennie « électrifie » ses sons et se démarque totalement du free-jazz - qu'il déteste. En 1970, il publie In a Silent a way avec à ses côtés le guitariste John McLaughlin (1942-....) ainsi que le clavieriste Joe Zawinul (1932-2007). Peu après, Bitches Brew, devient disque d'or : la popularité de Miles Davis dépasse toutes les frontières et tous les styles des musiques dites actuelles. Ce faisant Miles Davis est l'un des précurseurs de ce qui deviendra le jazz-rock.
Le jazz-rock, que l'on appelle également jazz-fusion, ne consiste pas simplement en une fusion du jazz acoustique et du rock électique, c'est également l'introduction dans le jazz du rythme binaire propre au rock...

Une capsule sur l'évolution des styles de Jazz et un exercice sur les différents Jazz par Nicolas Martello

L'arbre du Jazz par Nicolas Martello

Exercice Learningapps réalisé par Laurent Huault avec la participation de Nicolas Matello

IV) L'analyse de la version originale de  Weather Report (1977).

Pour suivre l'analyse de l'oeuvre, je vous propose deux travaux réalisés par des collègues :

 

       Thibault Capelle                                                             et                              Nicolas Martello

 

 

 

V) L'analyse de la version originale de  MANHATTAN TRANSFER.


        Cheryl Bentyne : soprano
        Janis Siegel : alto
        Alan Paul : ténor
        Tim Hauser : basse
        Richie Cole : saxophone alto
        Michael Omartian : piano
        David Hungate : basse
        Michael Boddicker : synthétiseur
        Jeff Porcaro, Ralph Humphrey : batterie

 


                              Photo : Janis Siegel, Cheryl Bentyne, Alan Paul and Tim Hauser © Andrea-Colombara.CC BY 3.0


 

Initié par le chanteur Tim Hauser (1941-2014),Manhattan Transfer, ensemble de jazz vocal, a vu le jour en 1969. C'est au cours des années 1970-1980 que le groupe a conquis le public Nord-Américain (puis européen) comme en témoignent les nombreuxGrammy Awards dont ils furent lauréats à divers titres.


Le groupe évolue dans l'univers du jazz avec une perfection propre à la production Nord-Américaine issue des comédies musicales et plus généralement de l'entertainment.
C'est au cours des années 1970 que le groupe s'est imposé avec ses membres les plus singuliers :
        Cheryl Bentyne (1954-....), soprano
        Janis Siegel (1952-....), alto
        Alan Paul (1949-....), ténor
        Tim Hauser (1941-2014), basse
Manhattan Transfer est l'un des (rares) représentants d'une forme specifique au jazz The Vocalese.


Vocalese
Type de jazz dans lequel on adapte des paroles sur des thèmes instrumentaux à l'origine, notamment sur des transcriptions des plus fameuses improvisations enregistrées. Il ne faut pas confondre le mot vocalese avec le français « vocalise » qui signifie le contraire : chant sans paroles, sur une voyelle. […] 
Á la fin des années 50, Dave Lambert, John Hendricks et Annie Ross [connus sous le nom de LHR] constituent l'un des premiers groupes vocaux de ce style. Durant les années 60 les Doubles Six adaptent le Vocalese en français sur les étourdissantes paroles de Mimi Perrin (1926-2010) . Jeune lycéen prêtez votre oreille à Four brothers dans sa version originale de l'orchestre de Woody Herman puis dans sa version revisitée par les Doubles Six !
Ce style très exigeant a eu peu de continuateurs et il demeure parfaitement représentée par le groupe Manhattan Transfer au cours des années 70-80. Notons que John Hendricks (1921), l'un des fondateurs de LHR, indissociable à cette forme, sera l'un des paroliers/partenaires de Manhattan Transfer.
D'après Philippe Baudouin, in Dictionnaire du jazz, de Philippe Carles, André Clergeat et Jean-Louis Comolli.



Dès le début des années 1970, le groupe effectua plusieurs tournées en Europe où leurs deux albumsComing Out et Pastiche obtinrent des records de vente. L'un des titres, une reprise de Chanson d'Amour (Wayne Shanklin) fut classé numéro 1 en Angleterre en 1977 alors qu'il n'obtint aucun classement aux États-Unis. À la suite de ce succès, l'album The Manhattan Transfer Live a été enregistré au Royaume-Uni et a confirmé alors la grande popularité du groupe en Europe.
C'est dans l'enregistrement suivant, Extensions (1979), que l'on trouve Birdland, arrangé pour le groupe par Janis Siegel avec des paroles signées John Hendricks - le maître de la Vocalese qui rend évidemment ici hommage au club Birdland ainsi qu'à Charlie Parker et d'autres grands noms du jazz et plus particulièrement du be-bop qui s'y sont produits :
Down them stairs, lose them cares
Where ? Down in Birdland
Total swing, Bop was king there
Down in Birdland
Bird would look, Max would cook,
Where? Down in Birdland
Miles came through, trane came too there
Down in Birdland
Basie blew, Blakey too
Where? Down in Birdland<
Cannonball played that hall there
Down in Birdland, yeah
L'enregistrement de l'album s'est déroulé en octobre 1979 pour le label Atlantic.

Entrainez-vous à chanter !

Vidéo réalisée par Thibault Capelle

Birdland - Manhattan Transfer
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Retrouvez l'intégralité de cette analyse sur le site de la Philharmonie

Retrouvez la très complète analyse de cette version et des autres par Jean-Baptiste ARRIZABALAGA, Etablissement Scolaire Saint-Genès La Salle (Bordeaux-Talence)

Exercice Learningapps réalisé par Laurent Huault avec la participation de Nicolas Matello

Bac blanc ! Comparez les deux oeuvres, en dégageant ressemblances et différences. Utilisez votre culture et vos compétences musicales pour argumenter.

Birdland sujet 6 - audition 1
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Birdland sujet 6 - audition 2
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VI) L'analyse de la version de l'ensemble Hypérion

      

L'Ensemble Hyperion a été fondée en 1991 à La Spezia en Ligurie (Italie), il est dirigé par le flûtiste Bruno Fiorentini. Voué avant tout à l'interprétation du tango, l'ensemble est doté d'un répertoire très riche qui couvre les plus grands compositeurs de toutes les époques de Ángel Villoldo (1961-1919) à Astor Piazolla (1921-1991).
L'orchestre Hyperion propose des orchestrations parfaitement dansables, parfois complexes mais reposant toujours sur un rythme bien « tanguero ».
Dés sa fondation l’Ensemble a travaillé avec plusieurs bandonéonistes, comme Luis Stazo (1930-2015), Juan Josè Mosalini (1943-….), Daniel Binelli (1946-….), Alfredo Marcucci (1929-2010) et Christian Gerber (1976-….). L'ensemble s'est produit dans les meilleures salles d’Italie et d’Europe et lors des plus important festivals de tango (Paris, Tarbes, Berlin, Londres, Athènes, Bruxelles, Montpellier, Majorque, etc.).
L'ensemble a produit 11 Cd, essentiellement dédiés au tango mais également à Vivaldi (« I concerti a cinque » de Antonio Vivaldi) mais également aux musiques de films avec « Minimal Movie » (2008) .
« Minimal Movies » est essentiellement constitué de la réinterprétation de musiques de films (« La liste Shindler » - John Williams ; « Pour une poignée de dollars » – Ennio Morricone…) mais aussi de « tubes » comme « Chronologie » de Jean-Michel Jarre et « Birdland » de Joe Zawinul… C'est dans une optique minimaliste que l'ensemble, consitué de 6 instruments se propose d'interpétéer ces « tubes » qu'il recrée à sa manière. « Birdland » est ici arrangé par le violoncelliste Stephano Cabrera.
Membres de l'Ensemble dans « Minimal Moovie » :

        Bruno Fiorentini : flûte
        Pablo Bottini : hautbois
        Valerio Giannarelli : violon
        Marci Diato : alto
        Stephano Cabrera : violoncelle
        Danilo Grandi : contrebasse

 

                                                Vidéo de Nicolas Martello

Retrouvez la très complète analyse de cette version et des autres par Jean-Baptiste ARRIZABALAGA, Etablissement Scolaire Saint-Genès La Salle (Bordeaux-Talence)

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